Parution Octobre 2012

Accueil

Parutions

Auteurs

Œuvres

Bibliophilie

Commande

Recherche

La maison

Autres fonds

Liens

Chronique

Lettre d’info

Livres de photographie

Marie-Claude Roulet
Avec John Fante

Nouvelles
2012. 152 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.581.8
18,00 €

Le livre

Voici cinq nouvelles qui mettent en scène des figures de femmes, femmes d’aujourd’hui, inscrites dans la vie sociale et ouvertes sur le monde, ou femmes de toujours, souveraines dans leur désir de plénitude en dépit des situations infériorisantes qui leur sont faites. Femmes différentes, car éprises d’art ou de littérature, femmes ordinaires cependant, engagées dans leurs sentiments avec une sincérité entière. Pétries de lumière et de solitude, elles sont saisies au plus fort d’une crise existentielle qu’elles traversent avec courage et lucidité, passant de l’amertume à la tendresse, de la rancune au pardon, entre «silences glacés et mots de braise»…
Et si l’auteur porte sur les relations humaines (amoureuses, amicales, familiales) un regard sans pitié, c’est avec une profonde sympathie qu’elle peint le portrait de ces banales et attachantes héroïnes.


L’auteur

Marie-Claude Roulet est née en 1949 dans la région parisienne. Elle vit dans le Val de Loire et a publié plusieurs ouvrages pour la jeunesse dont La traversée des secrets (Rageot, 2007), La mère Satan et autres nouvelles du village (Seuil, 2004), Marie à tous les vents (Flammarion, 1994) — ainsi qu’un roman à nos éditions : Luisa (2010).


Extrait

Elle se sentit tout de suite chez elle dans l’univers de Fante. C’était comme ça depuis toujours avec pas mal de littérateurs et de cinéastes américains. Les paumés, les décalés, les déjantés de tous bords la réchauffaient, un autre monde existait, non conventionné, un espace de liberté où les mots et les actes revêtaient un autre sens. Les dernières années près de Xavier avaient été une recherche perpétuelle d’elle ne savait trop quoi au fond, «d’air» pensait-elle maintenant. C’est ça, elle cherchait de l’air, le seuil d’asphyxie se situant à chaque énoncé de la phrase fétiche de Xavier : «Je ne vois pas de quoi tu te plains !» Le troublant était qu’elle ne se plaignait jamais.
Si son souvenir était bon, Fante avait eu une fin assez déplorable, amputé d’un pied et aveugle, dictant son dernier livre à sa femme. Épouvantable à vivre, de surcroît. Sa femme avait été «admirable», bien sûr, les femmes le sont toujours dans la dévotion et le sacrifice, sa mère, sa belle-mère… «Ma mère est une femme admirable» disait volontiers Xavier. Elle se demanda à quel moment de sa vie Fante avait écrit Mon chien Stupide, s’il avait déjà un pied en moins et plus de regard. Non, ce livre était celui de la maturité sans illusions mais sans désespoir encore. La dérision, ces personnages qui ressemblaient à tout le monde tout en frôlant la caricature… Au bout de dix pages, elle était certaine que Xavier n’avait pas lu le bouquin.