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Jil Silberstein
Pour dire adieu
Épigrammes et
stèles funéraires
dans la Grèce antique
Photographies de l’auteur
2024. 112 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.715.7
21,00 €
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Le livre
«Émouvantes à proportion de leur extrême économie : telles s’offrent à nous bon nombre d’épigrammes relevées à même les tombeaux grecs des époques classique, hellénistique, romaine et byzantine.
Un chagrin pénétrant et tendre s’y exprime le plus souvent ; une qualité de recueillement auquel il est rare que se mêle ce pathos qu’on sait accompagner les figures tragiques campées par Sophocle ou Eschyle.
Quant aux stèles et aux figures sculptées qu’elles montrent, je ne me lassais pas d’en photographier ici et là les précieuses images.
Portant au plus vibrant de moi ces représentations toutes de sensibilité et de justesse, à l’évidence sœurs des épigrammes élégiaques, voilà quatre décennies que me surprend ce fait que nul, pour l’heure, ne songea à rapprocher jusqu’à les réunir ces deux versants d’une même méditation sur un aspect central de notre condition l’Impermanence. Sur ce que celle-ci engendre de tragique, sans pourtant parvenir à compromettre le dialogue entre des êtres qui pour de bon se sont aimés. Quatre décennies que je me dis qu’il serait temps de remédier à la chose.» J. S.
L’auteur
Jil Silberstein est né à Paris en 1948. Après bien des voyages, il se fixe en Suisse, travaille dans l’édition, dirige la revue d’anthropologie culturelle Présences. Lors d’un séjour en Amérique du Nord, il rencontre les Indiens du Québec-Labrador, dont il partagera la vie plus d’un an. Ainsi est amorcée une série de textes, entre voyage et ethnologie : Innu, Kali’na et Dans la taïga céleste publiés par Albin Michel et, désormais, par Noir sur Blanc (La Terre est l’oreille de l’ours, 2012; Les voix de Iasi, 2015; L’Île où les hommes implorent, 2019; Voyages en Russie absolutiste, 2022). Poète, essayiste, lauréat du Prix Schiller, il est également traducteur de Trakl, Mi∏osz, T. E. Lawrence et Charles Reznikoff.
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Extraits
D’UN LECTEUR DE PLATON
En disant : Soleil, adieu ! Cléombrotos d’Ambracie se jeta d’un haut rempart dans l’Hadès.
Il n’avait éprouvé aucun malheur qui valût de mourir. Mais il avait lu de Platon un seul livre : celui de l’Âme.
CALLIMAQUE DE CYRÈNE, IIIe SIÈCLE.
DE TIMON LE MISANTHROPE
À ATHÈNES
Timon, maintenant que tu n’es plus, est-ce les ténèbres ou la lumière que tu hais ?
Les ténèbres. Vous êtes plus nombreux chez Hadès.
CALLIMAQUE.
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D’UNE VIEILLE PRÊTRESSE
Prêtresse de Dêmêter jadis, puis des Cabires, ô passant, plus tard de Cybèle,
je suis devenue la vieille qui est maintenant poussière, moi qui fus Protection en titre de tant de jeunes femmes !
Des enfants me sont nés, deux garçons. J’ai fermé les yeux, aïeule heureuse, dans leurs bras. Passe joyeux.
CALLIMAQUE.
D’UNE VIEILLE NOURRICE
Bon lait, Aischra la Phrygienne a eu, vivante, sa vieillesse comblée par Mikkos des meilleurs soins.
Morte, il lui consacra ce tombeau pour faire voir aux descendants que la vieille reçoit la récompense de ses mamelles.
CALLIMAQUE. |
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