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Marc Deneyer
Groenland
Le voyage inattendu
64 photographies en deux tons.
Textes de l’auteur et de Jean-Luc Terradillos
Postface de Jeanne Gherardi Scao
Coédition avec Atlantique.
2022. 108 p. 25/28.
ISBN 978.2.86853.694.5
27,00 €
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Le livre
Pas loin de trente années se sont écoulées depuis cette folle entreprise de souhaiter photographier les icebergs d’Ilulissat. Climat, paysage, tourisme, contours de certains rivages, activités hivernales… tout a changé à Ilulissat. Tout sauf mon peu d’aptitude à supporter les voyages en mer, resté lui, intact. Je me suis plu cette fois à refaire le voyage au fil des planches contact, ces curieuses pages noires secrets de photographe où s’inscrivent en petit format, l’ensemble des images réalisées à l’époque. Les années passées ont modifié mes choix, ravivé mes souvenirs et c’est de ce voyage inattendu, de cette traversée nouvelle qu’à travers les photographies présentées dans cet ouvrage, je souhaite entretenir celui qui voudra bien s’y intéresser.
L’auteur
Marc Deneyer est né à Bruxelles en 1945. Il vient tardivement à la photographie après quelques années passées comme musicien et dessinateur de presse. Il vit et travaille aujourd'hui dans le Poitou. Il se tourne rapidement vers le paysage et la nature qui vont représenter l'essentiel de ses centres d'intérêt. Photographe reconnu, il rapporte de ses voyages (du Groenland à la Toscane, du Maroc à l'Écosse ou au Japon...) des images et des textes qui racontent sa recherche d'une pure lumière et de lieux immémoriaux.
Depuis 1984 il expose un peu partout en Europe et au-delà, France, Belgique, Italie, Suisse, Bulgarie, Grèce, Portugal, Angleterre, Canada, Japon...
Il publie Ilulissat en 2001 puis Kujoyama en 2005 dans la collection «Textes & Photographies» aux éditions Le temps qu'il fait.
Extrait
En 1994, Marc Deneyer est allé au Groenland, à Ilulissat dans la baie de Disko. Pour photographier les icebergs. Vingt millions de tonnes de glace se déversent chaque jour dans cette baie située à quelques degrés nord du cercle polaire arctique. C’est le glacier le plus productif de l’hémisphère Nord.
Qu’allait-il chercher ? La lumière seule, la transparence, hors de toute empreinte de l’homme. Marc Deneyer photographiait les nuages, dans sa campagne du Poitou, lorsque s’imposa à lui l’image de ces blocs erratiques mis à flot par le tassement formidable de la calotte glaciaire. L’iceberg est là, face à soi, montagne de glace, architecture terrible qui nous dissimule sa masse colossale, et que l’on éprouve plus qu’on ne peut la représenter. Présence irréfutable. Certes, il est possible de voir un nuage de près et même d’y pénétrer, mais il s’agit alors de brouillard. Autre dessein, pour une expérience d’une autre nature.
La peinture du XXe siècle est hantée par le monochrome, de même que la photographie est hantée par le blanc du papier : le blanc de la lumière seule ! Ce blanc parcourt l’œuvre de Marc Deneyer : calcaire plein cadre des carrières de Chauvigny, meules de foin dans le brouillard, pyramides d’Égypte, nuages… Mais cette tentation du monochrome s’objective hormis dans la série des nuages dans un paysage façonné par l’homme, tandis que l’iceberg est un fragment de nature à l’état brut, qu’il manifeste à travers sa puissance inexorable. Un iceberg, c’est du temps en mouvement. J.-L. Terradillos.
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