Antjie Krog
Une syllabe de sang
Poèmes, traduits de l'afrikaans par Georges-Marie Lory
2013. 112 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.599.3
14,00 €
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Le livre
J’écris parce que je suis furieuse, dit un vers de ce recueil. En effet il y a, dans ces poèmes qui sont littéralement des «écrits de résistance», de la colère, de l’insoumission, et une vitalité revendicatrice que n’expliquent pas les seules années de combat politique. La poésie d’Antjie Krog ne fait guère de différence entre les aliénations et, pour elle, il n’est pas une parcelle de vie qui ne mérite le même engagement sans réserve. Le désir est omniprésent dans ces pages, inséparable de la révolte. Et, l’aspiration à la liberté ne souffrant, pour cette femme exemplaire, pas d’exception, elle se retrouve jusque dans sa manière d’écrire, réaliste, concrète, incarnée, passablement débridée et fort peu conventionnelle.
L’auteur
Née en 1952 dans une famille de fermiers afrikaners nationalistes, en Afrique du Sud, Antjie Krog est journaliste, enseignante, mère de quatre enfants. Elle s’est fait connaître par des poèmes à la fois rugueux et riches en métaphores, où l’engagement politique et le féminisme ne se départissent jamais d’un amour profond pour ses proches et pour les paysages de son pays.
Dans la poésie afrikaans, avec une quinzaine de livres publiés depuis 1970, Antjie Krog est à sa génération ce que Breyten Breytenbach fut à la sienne : une voix puissante, audacieuse, inventive. Ni pillard, ni fuyard, son seul recueil publié en français (traduction de G.-M. Lory, Le temps qu’il fait, 2004), en est la plus parfaite illustration. Sa chronique des travaux de la Commission Vérité et Réconciliation, écrite en anglais et largement publiée dans le monde (Country of my Skull), a paru en français sous le titre La douleur des mots (Actes Sud, 2004).
Extrait
Sonnet des flux chauds
une chose agrafe ta moelle tu sens un incendie
tout juste allumé diffuse son angoisse
un grain, tes veines parcourent ta chair
avec feu ton cœur enflammé maintient
l’équilibre hors d’eux tes os cuisent ton visage chante
tes joues frémissent déconcertées à tout coup
tu te disloques en grésillements enchâssés
ta peau sue des étincelles en couches légères
un jour sur ta chaise tu bouges et tu sens
le charbon du creuset qui détruit tes sèves
ultimes. Putain, c’en est trop :
brûlant comme un guerrier tu te lèves
proue en feu tu prends la mort à la gorge, lui laboure
le nez à travers ton con épilé, recuit
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