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Alexandre Hollan
Je suis ce que je vois, 3
Notes sur la peinture et le dessin, 2006-2011
2013. 128 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.584.9
Épuisé
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Le livre
Après les deux premiers volumes de Je suis ce que je vois (1997 et 2006), voici le tome 3 des «Notes sur la peinture et le dessin». Le projet n’a pas changé, même s’il se précise et parfois s’infléchit.
La plupart de ces notes brèves, écrites au jour le jour, avec une ténacité, une obstination remarquables, enregistrent les accords, désaccords, les découvertes, les pressentiments qui rythment ou accompagnent l’entreprise de la peinture, en relation intense avec le visible, plus précisément avec des arbres singuliers. (…)
Le peintre ? Justement : ce n’est pas un philosophe, ni même un penseur qui lance ici des réflexions abstraites, c’est un artisan qui cherche à «rendre le trait plus conscient, plus intelligent» (27.8.08), et dont la main guide la réflexion. Il n’élabore pas des concepts ni ne profère des énigmes, il cherche à clarifier les termes d’une expérience globale, corporelle, sensible, mentale et expressive.
(Extraits de la préface de Jean-Yves Pouilloux)
L’auteur
Né à Budapest en 1933, Alexandre Hollan vit à Paris depuis 1956. Dès cette époque il prend l’habitude de s’isoler une partie de l’année dans le Sud de la France, en contact intime avec la nature, les arbres. Depuis 1984, il passe une partie de l’été, au milieu des vignes et des chênes verts, dans son mazet de l’Hérault. Le reste de l’année, il peint dans son atelier parisien, approfondissant sa recherche de la couleur.
C’est le troisième volume de ses notes que publient ici nos éditions, qui ont également donné, en 1995, un essai richement illustré d’Yves Bonnefoy : La journée d’Alexandre Hollan.
Extraits
Le tableau pense
Se promener dans la beauté. Aller d’un arbre à l’autre, d’une technique de peinture à l’autre.
Observer ce monde qui a ses intérêts, bonheurs, charmes. Je me donne à cette vie séduisante qui paraît futile, mais une organisation secrète se cache en elle.
Une pensée plus libre est en principe capable de rester hors de cette vie de satisfaction, hors de son motif. mais la force de cette pensée est très limitée.
27.9.09, la nuit.
Le fil de ma pensée. Le laisser se rallonger. Il cherche à rejoindre une expérience : il cherche à comprendre.
La pensée linéaire tente à relier des expériences qui ne sont pas vraiment ni réelles, ni inexistantes. Cette pensée, logique, raisonnante ne peut pas encore procéder par l’englobement.
21.7.07
Au sujet des grandes vies silencieuses
Le tableau pense. Cette pensée est un mouvement en profondeur. Ce mouvement avance, flottant, respirant. S’élargit, s’arrête et revient. En elle, la sensation s’accorde avec un ordre calme qui se développe lentement (deux temps, deux mondes). Le motif se simplifie en plans de couleurs ou de valeurs, qui flottent dans le champ de vision. Leurs accords gardent un peu de la vibration colorée qui était là comme une unité, un son particulier au départ. quand les passages sont trouvés et que le regard peut avancer dans la profondeur, jusqu’au lieu de son repos, et revenir chargé de calme, la peinture est résolue.
11.10.06
J’ai besoin de retrouver le mouvement de la pensée. Il existe une intelligence derrière les formes qui se laisse découvrir par la calme réflexion, par ce mouvement qui passe à travers la présence. présence pensante ?
L’art produit des formes trop différentes, la pensée de l’artiste cherche à voir dans leur chaos, dans leur inachèvement et, à travers leur imperfection, une grandeur préexistante, une idée oubliée.
Le mouvement de la pensée apparaît comme un ralentissement, un détachement du superflu, un apaisement. En même temps, l’horizon s’élargit, et les idées commencent à tourner. Les éléments se regroupent autour de certains critères : expériences de l’espace, expériences des formes et des limites. Le « penseur provisoire » ne fait que maintenir cette machine en mouvement.
20.5.07
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