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Léonor de Récondo
La grâce du cyprès blanc
Roman
2010. 112 p. 14/19.
ISBN 978.2.86853.546.7
Épuisé
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Le livre
Hérope de Thrace, poète musicien, est en quête de la rime parfaite, de la beauté rayonnante, de l’amour ardent. Il en connaîtra, brièvement, les facettes contradictoires, les joies intenses, les faiblesses désespérantes, tout comme la violence inouïe et même meurtrière. Puis, ayant tout perdu, il finira par choisir «le chemin de la solitude et de l’infini dénuement» pour trouver «une quiétude nouvelle libérée de l’esclavage des sentiments».
La délicatesse de ce roman des passions éternelles, variation maîtrisée sur le mythe d’Orphée, reflète avec une troublante fraîcheur l’intacte cruauté de l’original.
L’auteur
Née en 1976 dans une famille d’artistes, Léonor de Récondo est violoniste et se produit avec les plus prestigieux ensembles baroques. Elle a fondé en 2005 L’Yriade, un ensemble de musique de chambre baroque qui se consacre au répertoire oublié des cantates.
La grâce du cyprès blanc est son premier roman.
Extrait
Après des mois de mer, l’Argo ravagé jeta l’ancre au large des terres de Thrace. Le petit canot, qui longeait la coque rongée par le sel et les tempêtes, avait à son bord quelques hommes. Parmi eux : Hérope qui depuis de longs mois n’avait pas foulé sa terre natale et qui impatiemment attendait cet instant. La petite embarcation les déposa sur une plage toute proche de la cité. Le poète, les jambes flageolantes et le cœur dansant encore au rythme des vagues, se laissa choir sur le sol de son enfance. Il prit une poignée de ce précieux sable et la porta à sa bouche pour y graver un baiser mêlé de larmes et de souvenirs.
Il ne remarqua pas la femme qui se tenait à quelques pas de lui. Depuis plusieurs jours, elle l’attendait. Quand elle avait su que le poète serait bientôt de retour, elle s’était précipitée sur cette plage. Cinq jours exactement qu’elle n’était pas rentrée chez elle et que son regard ardent scrutait l’horizon.
Il était là enfin et la nourrice retrouvait son enfant grandi. Il avait parcouru le monde et elle découvrait sur son front des marques de sagesse et d’angoisse. Hérope la reconnut bientôt. Malgré le passage des années, cette robuste femme avait peu changé et il lisait dans son regard la même vivacité, le même amour impérissable, la même joie.
Ils s’étreignirent longuement, bénissant leurs retrouvailles et remerciant les dieux de les avoir laissés en vie afin qu’ils puissent aujourd’hui encore s’embrasser.
Après ces mois d’errance entre le ciel et la mer, Hérope désirait plus que tout se reposer sur le sein bienveillant de sa nourrice. Il aspirait à se délasser enfin, à oublier les troubles, à s’enliser dans une quiétude au parfum d’insouciance.
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